Réunion des usagers : le mépris assumé
- Sebastian Romero

- il y a 11 minutes
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Lundi 15 décembre se tenait la réunion annuelle des usagers TBM à la maison écocitoyenne à Bordeaux. Nous étions là pour écouter, pour échanger, pour dire ce que nous avions à dire, comme d'autres parmi le public venu nombreux. Un moment de démocratie utile après une semaine particulièrement chaotique pour le réseau TBM, et pour ses usagers.
En effet, la mise en place des lignes E et F, comme nous alertions plusieurs mois auparavant, a essuyé de nombreux couacs, tous les jours de la semaine entraînant retards, agacements, trains ou vols ratés... Avec un silence absolu sur cette situation de la part des candidats aux municipales, ce qui n'est pas pour nous rassurer sur la considération à venir pour les transports en commun et les mobilités. Silence également du maire actuel Pierre Hurmic, comme du reste depuis le début de sa mandature sur les transports en commun. Il faut dire que cet aiguillage représente la dernière rustine d'un échec dont il est un des contributeurs historiques.
Bien-sûr des ajustements sont toujours à effectuer, mais quand il était annoncé que "tout était prêt" avec un tel aplomb et qu'il se produit un tel bordel en retour cela avait le mérite de rappeler à tous à quel point ce réseau de tram est à bout de souffle.
Nous avions l'expérience des réunions des années passées mais, ne savait-on jamais... Cette fois-ci serait peut être la bonne!
Une réunion qui réunit tout le monde sur des constats, des échanges, de la bonne volonté, l'envie de construire ou oserions le co-construire un réseau performant avec ceux qui le vivent, ou ceux qui le connaissent ou l'expertisent.
Sans doute étions-nous également plein d'espoir que pour la dernière réunion de ce genre de Béatrice De François, elle puisse nous délivrer une image différente des années passées, comme pour finir son mandat sur une touche positive.
Il n'en fut rien.
L'amélioration des mobilités et des transports en commun n'est pas une priorité de cette majorité métropolitaine, et ce malgré l'argent qu'elle y a mis.
L'intérêt que porte la métropole sur ce sujet est représenté une nouvelle fois par l'absence remarquée de la présidente de la métropole Christine Bost. Notons que cette dernière est également impossible à rencontrer malgré nos multiples demandes...
Il est décevant que l'écoute, la concertation, le partage et l'échange ne semblent pas être des pratiques naturelles pour des promoteurs de la démocratie participative. Dont acte.
Nous avions donc face à nous Béatrice De François, en sa qualité de vice-présidente en charge des transports en commun) et Pierrick Poirier, Directeur général Keolis Bordeaux Métropole.
Comme à l'accoutumée, nous avons assisté en préambule à une présentation de l'année écoulée teintée d'un optimisme débordant, d'autocongratulation, de chiffres mauvais présentés comme positifs, ou en voie de le devenir, parce que ce coup-ci ça sera la bonne! (Source : crois-moi frère).
L'ambiance dans la salle était à la fois médusée devant ce nouveau spectacle totalement déconnecté du réel, et une certaine tension s'installa.
Vint le moment des échanges, enfin, ce qui devait être un échange.
À toutes les remarques, à toutes les demandes la même réponse de Mme De François : déni du réel ou du vécu des usagers, des yeux qui roulent, des soupirs et de la condescendance.
Et puis un moment d'anthologie où elle a pu dégainer le "pass d'or" obtenu récemment par le réseau TBM (ambiance médusée et quelques vociférations dans la salle dont la nôtre).
Et puis l'autre moment d'anthologie où elle s'est vantée de consulter les usagers via le comité des partenaires.
Comité des "partenaires" ou comme la Commission Consultative des Services Publics Locaux sont des comités théodules (qui pourraient être de véritables instances de démocratie participatives si les élus les considéraient) où l'expression "pisser dans un violon" prend tout son sens (expression reprise d'un intervenant lors de la réunion).
Aucune remarque prise en compte, aucune écoute, aucun suivi...
Enfin... Toute ces postures de la métropole qu'il conviendra d'appeler par leur nom : le mépris.
Ce qui n'a pas manqué de faire monter la tension d'un cran.
Quelqu'un finira par demander à Pierrick Poirier s'il prenait régulièrement les transports en commun, celui-ci répondit "oui ce matin j'ai pris le bus électrique de la G".
Ce à quoi celui qui avait posé la question lui rétorqua, à raison, qu'il n'y avait plus de bus électriques en circulation depuis un mois... Sans que les raisons de cet arrêt d'exploitation ne soient, en transparence, évoquées soit dit en passant.
Quand les usagers connaissent mieux le réseau que ceux censés en avoir la gestion cela interroge...
Autre punchline bien sentie de Mme de François, lorsque des usagers faisaient remarquer l'absence de perspectives pour après 2030 :"De toute façon dans 20 ans, je ne serais plus là " comme pour dire après moi le déluge...
Gageons que Béatrice De François, bousculée pour sa dernière figuration, se souvienne de cette réunion.
Malheureusement pour l'intérêt général, si on continue comme cela le schmilblik dans 20 ans lui n'aura pas avancé d'un yota.
Fatigue.
Signe que personne n'y gagne... Une grève est par ailleurs annoncée les jours à venir par les conducteurs de tram, dont les conditions de travail se sont détériorées avec ces nouveaux services E et F.
Metro de Bordeaux est solidaire de leur mouvement.




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